La recette originale de Melanesian Concept Emploi

Initié en 2009, véritablement fondé en 2012, voici le premier et le seul groupement d’employeurs du territoire. Sur les terres minières du Sud, quatre entreprises se sont rapprochées et mènent une politique des ressources humaines atypique.
Écrit le 16 mars 2016

« Insertion sociale », « apporter de la sécurité aux salariés, «stabilité de l’emploi ». Le vocabulaire est celui d’un service public. Judy Deine est assistante de direction au sein de Melanesian Concept Emploi, qui est pourtant bien une initiative du secteur privé. Comme à son origine, le groupement d’employeurs est composé de quatre entreprisesimpliquées dans l’industrie minière du Sud : la SAS Goro Mines, les SARL Servical (nettoyage industriel), Kapéa (transports) et Bejik (bureau d’études).

L’idée forte du groupement a consisté à mutualiser une partie des effectifs, une quarantaine de personnes en tout, afin de bénéficier d’une certaine souplesse d’embauche tout en limitant la précarité.Grâce à ce système, Melanesian Concept Emploi ne propose que des CDI ou des CDD d’une durée de un à six mois. La durée mensuelle de travail est fixée entre 120 et 159 heures par mois, selon l’intensité de l’activité.« Les travailleurs sont les salariés du groupement, et les entreprises-membres les emploient à mesure de leurs besoins », explique Judy Deine. Et si les besoins sont momentanément faibles ? Doit-on licencier ?

Les vertus du réseau

« On placetoujours les travailleurs auprès de notre réseau d’entreprises non-membres, qui sont dites « utilisatrices », comme Vale, Colas ou Sodexo. »Soit de façon temporaire, soit de façon permanente. « Un salarié qui signe un CDI avec une entreprise utilisatrice,c’est une place chez nous pour quelqu’un d’autre. » La liste d’attente ne manque pas de monde : ils sont mille candidats à postuler chaque année. « Et surtout, c’est le signe que l’on fait du bon travail, que nos travailleurs sont bien formés. »

Comme toute entreprise soucieuse de progresser,Melanesian Concept Emploi accorde une importance capitale à la formation. Peu ou pas diplômés à leur entrée, les travailleurs ont la possibilité de prendrepart à des formations financées par le groupement : certificat d’aptitude à la conduite en sécurité (CACES), santé et sécurité au travail, travaux en hauteur…

Pas de folie des grandeurs

Le tout forme une recette où chacun semble trouver son avantage. Les employeurs peuvent compter sur des travailleurs qu’ils connaissent mieux que des intérimaires,et font appel à eux sans autre formalité qu’une facture à régler au groupement d’entreprises. Les salariés, même s’ils ne sont pas en CDI, ont l’assurance d’un peu de stabilité, d’un volume horaire convenable et d’une montée en compétence au fil du temps.

Depuis le début de l’aventure, les effectifs sont stables, autour de quarante personnes à la fois, et 125 sur une année complète. Et ils ne semblent pas devoir augmenter, tant que le périmètre du groupement restera le même. Un développement auprès de nouvelles entreprises ou sur de nouveaux territoires est-il envisageable ? Judy Deine a une autre idée. « Je pense qu’il vaut mieux dupliquer. Nous sommes tout à fait disposés à mettre notre expérience de la construction d’un groupement au service d’entreprises qui voudraient créer une structure similaire sur un autre bassin d’emploi. »Du Sud au Nord en passant par les Îles, voici une proposition qui mérite d’être étudiée.

3 questions à Sylvain Ataurua, 50 ans, salarié de Melanesian Concept Emploi

  • Quand êtes-vous arrivé au sein du groupement d’employeurs ?

J’ai commencé l’année où je suis arrivé du Vanuatu, en 2012. Là-bas, j’étais chauffeur poids-lourds.

  • Quel poste occupez-vous à présent ?

Je suis opérateur d’engins. J’ai obtenu les qualifications pour cela : j’ai passé mon CACES, j’ai suivi des formations notamment sur les engins articulés, via des simulateurs.

  • Quel bilan tirez-vous de ces 4 ans au sein du groupement ?

J’ai la chance d’avoir un travail stable et continuer à progresser. C’est déjà beaucoup.