Réforme du bac : ce qui attend les lycéens

A l’approche de la saison des examens, la réforme du lycée, et plus précisément celle du bac, dévoilée en février dernier en Métropole, se précise sur le Caillou avec des changements majeurs dès 2020, dont la fin des séries S, L, ES. Alors que l’on compte aujourd'hui environ une dizaine d’épreuves terminales au bac, le nouvel examen n’en prévoit plus que quatre à l’horizon 2021.
Écrit le 29 November 2018

Pas de répit pour le second degré. Après la réforme des collèges, l’année dernière, les écoliers vont vivre celle du lycée l’année prochaine. Bien que le texte de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education, dévoilé en février dernier en France, n’ait pas trouvé d’échos particuliers sous les tropiques, il prévoit bel et bien un certain nombre de changements radicaux sur le Caillou. Tels que la fin des séries générales du bac S, L, ES, qui laissent la place à un tronc de « culture commune ». Soit un socle de cinq matières - français (puis philosophie en terminale), histoire-géographie, deux langues vivantes, EPS - auxquelles s’ajoutent des enseignements dits de « spécialité ». Le choix de combinaison reste, bien entendu, à la discrétion des lycéens (trois spécialités en première, deux en terminale) sur un total d’au moins sept disciplines. D’une dizaine d’épreuves terminales au bac, le nouvel examen n’en comprendra ainsi plus que quatre à l’horizon 2021, dont la philosophie, épreuve reine, et un grand oral.Elles compteront pour 60 % de la note totale. Les 40 % restants seront évalués en contrôle continu. Objectif : moins d’épreuves, plus de choix. « Les élèves choisissent des enseignements, pour commencer à construire leur parcours d’orientation dès la première. C’est ça l’idée, de mieux articuler le lycée avec les exigences des études supérieures », argumente David Lagedamon, inspecteur pédagogique au vice-rectorat, et copilote d’un groupe de réflexion sur la réforme du Bac.

Compétence de l’Etat, la nouvelle organisation des examens s’appliquera ainsi de facto à la Nouvelle-Calédonie. En revanche, celle des enseignements, tout comme leur contenu (compétence transférée), devra faire l’objet d’une décision de la Nouvelle-Calédonie via une loi du pays soumise au Congrès.

 

Les seconde, premiers à tester le dispositif

Les Calédoniens entrant en seconde l'année prochaine seront donc les premiers à tester le nouveau dispositif, à l’horizon 2021. Pas de changements majeurs pour eux, cependant, à la rentrée prochaine. Les programmes et les contenus restent les mêmes. Ils seront par contre soumis, comme en Métropole, à un « test de positionnement, » dans le but de « déterminer les besoins des élèves en termes d'accompagnement personnalisé pour une matière donnée ». Les vrais changements n’interviendront donc qu’en 2020, lorsque la promotion pionnière atteindra la classe de première et qu’elle sera la première cohorte à choisir ses enseignements. D’autant que les matières qui s’y prêtent le plus devraient être contextualisées à la Calédonie, dans le sillage de la réforme des collèges.

« La logique serait de trouver des adaptations dans cette continuité, commente David Lagedamon. Pour la langue et la culture kanak, l’histoire-géographie, l’éducation morale et civique, ou la SVT, il serait tout à fait légitime de poursuivre ce travail d’adaptation. »

Adaptation qui n’est « pas spécifique à la Calédonie », a jugé bon de préciser Hélène Iékawé, membre du gouvernement en charge de l’Education. « C’est une volonté à l’échelle nationale, de contextualiser les contenus des programmes. »

Comme pour la réforme des collèges, un vaste plan de formation sur les nouveaux programmes, dans toutes les matières, devrait être mis en œuvre à l’intention des enseignants, pour préparer ce nouveau virage.

 

Les examens 2018 en chiffre

13 jours

Branle-bas de combat au vice-rectorat, dernière ligne droite des révisions… La période des examens débutera dans deux semaines et s’étendra cette année sur treize jours. Top départ le 29 novembre avec les épreuves de BTS. Suivront, les bacs général et technologique, du 26 au 30 novembre, accompagnés, au même moment, des BEP, CAP et bac pro. Le brevet clôturera la période tant attendue et redoutée avec deux jours d’épreuves les 10 et 11décembre. Les résultats, eux, seront disponibles le jeudi 13 décembre à 14 heures pour le bac (filière pro le mercredi 12 à la même heure) et le mercredi 19 décembre pour ceux du brevet.

13 911 élèves

« Avec 13 911 inscrits, on compte une cinquantaine d’élèves de plus qu’en 2017 », explique Thierry Mabru, secrétaire général du vice-rectorat. Une hausse qui s’explique surtout par le plus grand nombre de places dans les BTS dont les épreuves sont présentées par 25 % de candidats en plus en 2018. « Le panel géographique évolue aussi, précise le responsable. Tout ça suit la courbe démographique ». Dans le détail, on compte 4 198 candidats au brevet et 3 628 pour les épreuves finales du bac (1 148 en professionnel, 1 276 en général, 904 en technologique). S’y ajoutent 2 111 élèves candidats aux épreuves anticipées, 835 au BTS, 1 102 CAP, 1 299 BEP, les mentions complémentaires et les brevets professionnels.

Deuxième correction locale

Pour la deuxième année, les épreuves écrites des bacs général et technologique seront corrigées en Nouvelle-Calédonie. La mise en place de cette correction locale a longtemps fait débat. Aussi, un inspecteur général de l’Education nationale a suivi de près la session 2017. Notant une « organisation largement anticipée » et « une implication sans faille de tous les acteurs », son rapport semble conforter l’administration dans ses choix. « A part quelques détails, ça s’est très bien passé, résume Julien Leray, chef de la division des examens et concours. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas faire de petites améliorations ou que nous sommes à l’abri d’une défaillance technique ». Si les syndicats se montrent toujours vigilants sur cette réforme, Hélène Iékawé pointe qu’elle a « permis de reconquérir la fin d’année ». « Les élèves gagnent deux semaines de cours par rapport à 2016 », souligne la membre du gouvernement, qui insiste sur les « garanties » apportées par l’État dans ce dispositif. Le rapport ajoute que la correction locale a permis des « échanges professionnels très fructueux » entre les professeurs des trois provinces, de Wallis ou du Vanuatu, rassemblés pour l’occasion.

87% de réussite au bac

Avec une réussite en légère hausse pour le bac général (87% contre 84,7% en 2016), technologique (85,2 % de réussite) et professionnel (73,6%), tout comme pour le brevet (78,7%) et les BTS (75,8 %), les résultats d’examens 2017 avaient été jugés « encourageants ». Mais les écarts avec la Métropole restent importants : les Calédoniens ont 4% de réussite en moins au bac général que les Métropolitains, 9 % au bac pro et plus de 10% au brevet. Il reste donc beaucoup à faire. Le vice-rectorat avait promis de faire porter l’effort sur les filières aux résultats décevants : les CAP, et le bac général série ES seront donc particulièrement observés en 2018.

16 à 56 ans

Sur les 3 628 candidats au bac, le plus âgé participe aux épreuves du bac pro Métiers de la mode et des vêtements.

Pre’exam

Le site internet de l’Éducation nationale dédié aux révisions. Il permet notamment d’accéder à des centaines d’annales.

63 %

C’est la part de filles en Bac général. Elles sont 54 % en filière technologique et 49 % en filière professionnelle.

« Avec la réforme des lycées, il n'y a plus de séries. »

David Lagedamon, inspecteur pédagogique au vice-rectorat.

 

Repères

Vigilance des syndicats

Le vice-rectorat n’est pas le seul à garder un œil attentif sur les examens. A la CFE-CGC, qui avait émis des inquiétudes quant à la correction locale du Bac, on convient que la session 2017 « n’a pas posé de soucis », mais on ne relâchera pas la vigilance. « On a des collègues dont la classe est pleine en BTS et à qui on demande donc de ne pas faire redoubler d'élèves, explique Fabienne Kadooka. C’est une pression anormale pour la correction ».

Un brevet « renforcé »

Pas de changements majeurs pour la saison 2018 des examens, si ce n’est pour les candidats au DNB (diplôme national du brevet) qui a fait l’objet de quelques ajustements, pour un brevet « renforcé ». Cinq épreuves finales (Math, français, sciences, histoire-géo, et oral) contre trois, attendent les élèves de 3e, pour un total de 400 points. Elles compteront autant que l’évaluation des acquis prévus par le socle (400 points) tout au long de l'année. En bref, l’élève est admis s’il obtient 400 sur 800 points.